Clyde Augustin, Président de L’Atelier Mo’Zar, a le sourire dans la voix lorsqu’il parle de L’Atelier et des jeunes musiciens qui chaque année, font briller l’ile Maurice sur la scène internationale.

À quelques jours du départ de la troupe pour le “Rio Das Ostras Jazz & Blues Festival”, l’un des plus grands festivals de musique en Amérique Llatine, Clyde nous a accordé quelques minutes de son emploi du temps chargé pour nous parler de sa “famille Mo’Zar” et de ces espoirs pour les jeunes Mauriciens qui en font partie.

Bonjour Clyde, pouvez-vous nous en dire plus sur les débuts de L’Atelier Mo’Zar ?  

L’Atelier Mo’Zar est né d’une envie de combattre l’exclusion sociale dont souffrent les enfants de la cité de Roche Bois. Lors de son retour sur l’îlel’ile après des études à l’étranger, José Thérèse, notre fondateur, n’en pouvait plus de voir ces enfants tomber dans la drogue à cause de leur milieu social ou de l’échec scolaire. Il choisit de leur donner un outil pour s’en sortir : la musique.

Vos élèves vont participer à un festival d’exception. C’est certainement une grande étape. Que ressentez-vous par rapport à cela ?  

C’est une énorme joie d’y être ! Nous allons participer à l’un des plus grands festivals de jazz, blues et musique instrumentale d’Amérique latine. C’est une occasion qui n’est pas donnée à tous. Quand on pense qu’il y a beaucoup de musiciens professionnels qui n’y sont pas admis, et que notre plus jeune musicien n’a que 10 ans, c’est bien sûr une très grande fierté.

Vous le méritez ! Après tout, cette admission n’est pas sortie de nulle part. D’ailleurs, vous avez aussi participé à des festivals à Cuba, en Italie, et même à New York ! Comment cette expérience aide-t-elle les jeunes musiciens du point de vue artistique et humain ?  

Notre projet “Fly me to the Moon” a pour but d’aider nos élèves à atteindre la perfection afin d’avoir le niveau d’être sur une scène internationale. Pour cela, l’élève doit travailler dur, mais c’est aussi à nous, les accompagnateurs, de les encadrer pour qu’ils puissent tirer le meilleur d’eux même. À mon avis, la musique c’est comme le sport, pour s’améliorer il faut se frotter aux meilleurs et participer à des compétitions de hauts niveaux. C’est pour cela que nous avons comme objectif d’exposer les enfants de L’Atelier Mo’Zar à, au moins, une scène internationale par an et faisons en sorte qu’une sélection d’élèves puissent aller en Italie chaque année pour participer à un stage organisé par le Berklee College of Music.

Parlez-nous de votre groupe et de votre programmation musicale pour le festival

En tout, notre groupe est composé de 16 musiciens. La plupart sont adolescents (15-18 ans) ou préadolescents et les plus jeunes sont âgés de 10 à 12 ans. L’artiste le plus âgé a 26 ans. Comme ce dernier est malvoyant, nous l’aidons à combattre l’exclusion à travers la musique. En ce qu’il s’agit de la programmation, nous allons jouer des morceaux originaux de Philippe Thomas et Linley Marthe tels que Zistwar, Ti Rosalie, Souloulou, etc, mais aussi des reprises telles que Cantaloupe Island de Herbie Hancock.

Vous oubliez de mentionner que L’Atelier Mo’Zar ouvre le festival ! Comment est-ce que ces jeunes artistes gèrent-ils la pression d’être sur une si grande scène ?

Vous savez, malgré leurs jeunes âges, nos élèves sont habitués à la scène. Ils savent gérer la pression et sont tout à fait conscients qu’elle peut être utilisée comme une force positive à leur succès.

On imagine qu’en plus du développement de leurs talents, les enfants apprennent des leçons de vie aussi ?

Bien sûr. Quand on emmène les enfants à l’étranger, on les retire de leur zone de confort et ils en tirent pas mal de leçons de vie. Il faut garder en tête qu’ils sont mineurs et que, pour beaucoup d’entre eux, c’est la première fois qu’ils sont loin de leurs parents. Ça leur apprend l’indépendance, et même la co-dépendance. Dans la vie, comme en musique, on ne réussit pas seul. Pour cela, les voyages à l’étranger sont cruciaux… on ne peut pas leur dire que la musique et la discipline qu’elle apporte peut leur ouvrir des portes si l’on ne leur montre pas ce qu’ils peuvent découvrir à travers cet art et leur rigueur. Et après tout, l’éducation musicale comprend beaucoup de leçons sur la discipline. Quand vous avez 15 ans, que vous avez vos devoirs scolaires et 3-4 heures de pratique de votre instrument par jour, il faut avoir la tête bien sur les épaules.  

Quel est votre rêve pour chacun des enfants de L’Atelier ?

Tout simplement qu’ils puissent atteindre les leurs. Je voudrais qu’ils réalisent qu’à travers la discipline et le travail, ils peuvent faire ce qu’ils veulent de leur vie.   

Revenons-en au festival… Avez-vous un objectif précis pour Rio 2019 ?

De faire le public bouger ! Vous savez, on n’en parle pas assez, mais notre directeur artistique, Philippe Thomas, a créé un style de musique unique à l’ile Maurice, le Séga jazz. Il est tout aussi bon que le Seggae, même si l’on en parle moins ; dès que les gens entendent ces rythmes, c’est impossible de ne pas danser. On espère aussi peut-être, de se faire repérer par un producteur ou promoteur qui pourrait nous faire découvrir encore plus de scènes internationales.

Le mot de la fin ?

Tout d’abord, je voudrais remercier Harel Mallac et nos autres partenaires qui ont rendu ce projet de Rio possible. Je salue Harel Mallac, car le groupe a compris l’envergure de notre projet et son essence, qui est de combattre l’exclusion sociale, ainsi que l’importance de faire nos élèves se produire sur la scène internationale.

Comme je l’ai dit plus tôt, notre objectif est de permettre à ces enfants de jouer sur une scène internationale au moins une fois par an. Sans le support du secteur privé, cet objectif serait impossible à atteindre.

Je lance d’ailleurs une invitation aux lecteurs à venir à L’Atelier Mo’Zar, et à participer au projet afin d’aider ces enfants à atteindre leurs rêves. Venez écouter les enfants pendant les répétitions à Roche Bois. Pas besoin d’adresse, vous n’avez qu’à suivre le son de la musique !