Harel Mallac et Promotion & Development (PaD) ont signé le 4 décembre une convention de mécénat pour permettre au jeune artiste de passer six mois à la Réunion pour parfaire son portfolio et préparer les concours d’entrée aux écoles des Beaux-Arts.

Le projet ArtIs

Créé en 2015 à l’initiative de PaD, le projet ArtIs a pour mission d’identifier et d’accompagner les jeunes talents mauriciens dans une formation artistique – Musique et Arts Plastiques – structurée leur permettant d’envisager une carrière en tant qu’artiste, artisan d’art ou dans le monde des métiers liés aux arts. Le programme de formation, qui équilibre théorie et pratique artistique, intègre également l’accès aux lieux et évènements culturels et le frottement avec des artistes et artisans d’art.

Selon Géraldine Hennequin-Joulia, Arts & Culture Manager chez PaD, le projet aborde sa quatrième année sereinement : « Nous avons beaucoup travaillé par trial and error car c’était une formule nouvelle à Maurice. L’année 2018 était clé, car nous avons eu des premiers frottements avec l’étranger, comme un atelier d’échanges en avril avec le Lycée Ambroise Vollard et l’ESA à La Réunion, et une collaboration avec le Fonds Régional d’Art Contemporain (FRAC) qui va d’ailleurs accueillir nos étudiants en stage. Dans le secteur musical, cinq de nos étudiants ont été reçus comme candidats à la Summer School de Berklee College (USA). »

« C’est une première pour les jeunes mauriciens que de bénéficier d’un accès libre à la première année d’enseignement de l’Ecole Supérieure des Arts de La Réunion. Ils bénéficieront d’un coaching pour préparer leur port folio et seront appelés à faire l’expérience d’un stage dans des institutions culturelles établies. C’est l’avant dernière étape de notre projet pour les jeunes qui sont en formation chez nous. Il leur est essentiel de comprendre que préparer les concours d’entrée aux grandes écoles est une démarche qui demande de la rigueur, du travail, de la curiosité et parfois même un dépassement de soi. Toutefois, sans l’apport de mécènes ce projet n’aurait pas pu se réaliser. Notre jeunesse a besoin d’un coup de pouce pour se réaliser » affirme Géraldine Hennequin-Joulia.

Chez Harel Mallac, un engagement de longue date pour les jeunes port-louisiens et l’art dans la capitale

De par sa présence depuis ses origines à Port Louis, c’est tout naturellement qu’Harel Mallac s’engage depuis plusieurs années en faveur de la jeunesse port-louisienne, autant dans le rugby (avec la création des Port Louis Sailors Rugby Club en mars de cette année) qu’à travers la Fondation Harel Mallac qui soutient les projets d’éducation non-formelle et d’aide à l’enfance vulnérable. La subvention accordée à Emmanuel se monte à Rs 173 000 et couvrira entre autres ses billets d’avion, frais de vie et de logement.

Selon Charles Harel : « Ce coup de pouce à Emmanuel Clair témoigne de notre souhait sincère de voir la jeunesse mauricienne aller au bout de son talent. Notre jeunesse a besoin de role-models, surtout dans les filières sportives, culturelles et artistiques qui manquent de vitalité, car trop longtemps perçues comme secondaires, après l’académie. »

Harel Mallac a également contribué à des créations artistiques dans Port Louis, comme le street-art réalisé par Quintessenz qui orne son bâtiment de sept étages à la rue Edith Cavell depuis le festival Porlwi 2016, ou encore l’animation de son bâtiment historique en pierre pour les 50 ans d’indépendance de Maurice, en rendant hommage à quatre monuments de la culture mauricienne : Ernest Wiehe, Malcolm de Chazal, Kaya et Marcelle Lagesse. Le groupe prépare également une manifestation artistique pour la mi-décembre, en partenariat avec l’artiste Evan Sohun.

Photographie réalisée par Emmanuel Clair

L’Ecole des Beaux-Arts de La Réunion, et au-delà !

Grâce à un partenariat avec l’Ecole des Beaux-Arts (ESA), Emmanuel et une autre étudiante, Anaëlle, qui ont terminé leur scolarité en novembre, intègrent l’institution en tant qu’auditeurs libres pour six mois. Ce statut leur permet de suivre les cours comme tout étudiant de 1e année, même s’ils n’ont pas passé de concours. Ils n’ont en revanche pas accès aux examens. Ces six mois de préparation auront l’utilité d’une année préparatoire pour eux afin qu’ils finalisent leur portfolio et se présentent aux concours d’entrée des grandes écoles comme celle de Lausanne, l’Ecole de Photographie d’Arles ou l’École nationale supérieure des arts décoratifs (ENSAD) à Paris.

Entretien avec Emmanuel Clair, diamant brut de Cité La Cure

Ce jeune Rodriguais, habitant de Cité La Cure depuis 2014, vient de compléter sa HSC ainsi que trois années de formation en Arts plastiques dispensée par des grands noms mauriciens tels qu’Alix le Juge, Paul Comarmond, ou encore Pierre Argo, au sein du projet ArtIs. Il répond à nos questions :

Connexion : Comment a commencé ta vocation artistique ?

Emmanuel : Depuis très jeune, à Rodrigues, je dessinais dans mon temps libre, comme mes cousins, et j’entendais souvent que j’avais du talent. Quand mes parents ont quitté Rodrigues pour venir à Maurice, je suis resté chez ma grand-mère. J’étais très solitaire et c’est dans le dessin que je m’évadais.

Connexion : Que t’a apporté le projet ArtIs ?

Emmanuel : Arrivé à Maurice à l’âge de 14 ans, au Collège Père Laval que je fréquentais, mon professeur d’art est vraiment celui qui a cru en moi et encouragé. C’est lui qui m’a inscrit au casting d’ArtIs en 2016 : on a préparé mon book, et rempli un formulaire, puis j’ai été invité pour une audition qui a duré trois jours ! J’ai présenté mes travaux mais aussi fait des travaux sur place.

J’ai beaucoup hésité car je ne dessinais qu’au crayon et je n’avais pas essayé d’autres media, comme la peinture ou la photo, mais dès que j’étais reçu, je me suis lancé à fond. Toute expérience est bonne a prendre et j’ai eu l’occasion de toucher a plusierus disciplines, même la danse. Dans l’art, chaque discipline et chaque medium enrichit l’autre, comme des vases communicants.

Lors de ma première année, la découverte de la photographie a été un coup de foudre, meme si mes premières photos étaient catastrophiques. J’ai été accompagné par Gilliane Soupe au début, puis Pierre Argo, qui est très exigeant sur la technicité et un très bon guide. C’est vraiment le medium où je veux m’exprimer, me perfectionner et faire carrière.

Connexion : Un message pour les jeunes talentueux ?

Emmanuel : L’art ce n’est pas juste pour ceux qui ne reussissent pas les autres sujets. C’est aussi du serieux et du travail et il y a plein de beaux métiers qu’on découvre autour de l’art. Il faut croire en soi et beaucoup travailler, surtout la technique, car ce n’est pas que le talent qui fait le succès. Le soutien de la famille est très important.